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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 08:29

Avant de se rendre au Viet Nam, Pappy avait reçu des instructions précises de la direction des Projets internationaux de la firme qui l’employait. « N’oubliez pas que vous représentez la France auprès des Vietnamiens. Vous serez là-bas le 14 juillet et il est normal que vous soyez invité à une réception à l’ambassade de France pour y célébrer notre fête nationale. Les Français séjournant à Hanoï ne sont pas plus d’une dizaine, votre présence ne sera pas de trop. Pensez à emporter votre smoking dans vos bagages ».


Pappy n’avait jamais porté de smoking. Il s’est donc senti obligé de s’en procurer un. C’était l’époque où Mamie écumait les magasins d’usines dans les Vosges. Il lui fut facile de trouver ce déguisement chez Bagard, à un prix raisonnable. Il  fut glissé dans sa valise.


Sur place il prit contact avec notre ambassade qui était vide. Un attaché culturel  lui expliqua qu’il assurait seul la permanence car les services étaient réduits à quelques personnes, d’ailleurs en congé. L’ambassadeur lui-même était parti en France, avec sa famille, pour assister au défilé militaire et à la garden party qui suivrait. Donc pas de réception à Hanoï cette année. Pappy en fut donc pour ses frais de smoking.


Il eut toutefois l’occasion de porter cette tenue par la suite, au cours de soirées de gala du Rotary ou à bord de ces bateaux de croisières qui avaient pour lui un petit avant-goût du Paradis.


Cette mésaventure lui est revenue à la mémoire en lisant dans « Le Monde diplomatique » la ressention d’un petit opuscule de Claude Blanchemaison, « La Marseillaise du général Giap ». L’auteur a été ambassadeur à Hanoï de 1989 à 1993, soit dix ans après les deux passages éclairs de Pappy. Il raconte dans son livre qu’il avait invité à sa réception le vice premier ministre du gouvernement vietnamien, le général Giap, qui avait accepté.


Pour ceux qui ignorent tout de la guerre de libération du Viet Nam, signalons que ce général s’est illustré par sa victoire sur les Français à Dieng Ben Phu et que, par la suite, il a rejeté les Américains à la mer, ce qui n’est pas tellement fréquent.


Pendant qu’on exécutait notre hymne national, Monsieur l’Ambassadeur fut surpris de voir que Giap en murmurait les paroles. Il les savait par cœur. Cet ennemi acharné du colonialisme avait conservé estime et respect pour la France. Notons aussi que le texte s’adaptait parfaitement à son passé militaire…


Vo Nguyen Giap est décédé, centenaire, en 2013.

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